10-08-2025
Zelensky pourrait participer au sommet Trump-Poutine
Des sauveteurs et des policiers travaillent sur le site de la frappe aérienne russe à Zaporijjia, en Ukraine, le 10 août 2025.
L'ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN, Matthew Whitaker, a indiqué dimanche que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pourrait assister au sommet vendredi en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine, une demande des Européens.
Agence France-Presse
Ce qu'il faut savoir L'annonce du sommet Trump-Poutine, qui se déroulera a priori sans Volodymyr Zelensky, a suscité des inquiétudes chez les alliés de Kyiv quant à la possibilité qu'un accord soit conclu dans le dos de l'Ukraine, la forçant à céder à la Russie des portions de son territoire ;
Depuis l'annonce du sommet Trump-Poutine, le chef de l'État ukrainien insiste pour que son pays et ses alliés européens soient inclus dans le processus ;
Six personnes ont été tuées et des dizaines blessées dimanche dans des frappes russes en Ukraine, tandis que deux raffineries de pétrole ont été bombardées par les Ukrainiens en Russie, selon ses sources officielles.
« Oui, je pense sans aucun doute que c'est possible », a répondu le diplomate américain auprès de l'Alliance atlantique, qui était interrogé par la télévision CNN sur une éventuelle venue du chef de l'État ukrainien en Alaska où doivent se retrouver le 15 août ses homologues américain et russe.
« Il ne peut assurément pas y avoir d'accord si toutes les parties impliquées n'y ont pas souscrit. Et, évidemment, la priorité absolue c'est de parvenir à la fin de la guerre », a argumenté M. Whitaker.
PHOTO MARTA FIORIN, ARCHIVES REUTERS
L'ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN, Matthew Whitaker
Mais au final, ce sera à Donald Trump de décider, a prévenu son ambassadeur à l'OTAN.
« S'il estime qu'inviter Zelensky est le meilleur scénario, alors il le fera », a assuré M. Whitaker.
Mais « aucune décision n'a été prise », a souligné sur CNN cet ancien procureur fédéral.
Négociations de paix
Les dirigeants européens ont insisté dimanche pour que l'Ukraine soit partie prenante aux négociations américano-russes, en amont du sommet prévu entre Donald Trump et Vladimir Poutine, vendredi en Alaska.
Les deux présidents devraient à l'occasion de ce tête-à-tête tenter de trouver une issue pacifique au conflit que le Kremlin a déclenché en février 2022 sur le sol ukrainien.
Dans ce contexte, le chef de l'État ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui ne participera en principe pas à cette réunion, faisant craindre à Kyiv un accord à ses dépens, a exhorté ses alliés européens, également écartés des pourparlers, à définir une approche commune.
La responsable de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a à cet égard annoncé une « réunion extraordinaire » lundi en visioconférence des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UE, en présence de leur homologue ukrainien, « afin de discuter des prochaines étapes ».
« Aucune décision sur l'Ukraine sans l'Ukraine »
« Le président Trump a raison de dire que la Russie doit mettre fin à sa guerre contre l'Ukraine. Les États-Unis ont le pouvoir de contraindre la Russie à négocier sérieusement », a-t-elle dit dimanche dans un communiqué.
Mais « tout accord entre les États-Unis et la Russie doit inclure l'Ukraine et l'UE, car c'est une question de sécurité pour l'Ukraine et pour l'ensemble de l'Europe », a ensuite martelé Mme Kallas, emboîtant le pas aux principaux chefs d'État ou de gouvernement européens.
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Les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky, américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine
Plus tôt dimanche, le chancelier allemand Friedrich Merz a d'ailleurs insisté pour que Volodymyr Zelensky soit présent au sommet Trump-Poutine, soulignant ne pouvoir « en aucun cas accepter que les questions territoriales soient discutées, voire décidées, entre la Russie et les États-Unis sans consulter les Européens et les Ukrainiens ».
« Nous espérons et présumons que le gouvernement ukrainien, que le président Zelensky feront partie de cette rencontre », a-t-il dit à la télévision.
« La voie de la paix en Ukraine ne peut être tracée sans l'Ukraine », avaient quelques heures plus tôt mis en garde les dirigeants français, allemand, italien, polonais, britannique et finlandais, ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un communiqué commun, exhortant Donald Trump à accroître la pression sur la Russie.
Les États d'Europe du Nord et les Pays baltes – Danemark, Estonie, Finlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège et Suède – ont également assuré que « le chemin vers la paix » ne pouvait « pas être tracé sans la voix de l'Ukraine ». « Aucune décision sur l'Ukraine sans l'Ukraine et aucune décision sur l'Europe sans l'Europe », ont-ils insisté dans une déclaration.
Le président américain « met la pression sur Poutine », a en tout cas estimé dimanche le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, sur la chaîne de télévision ABC, ajoutant : « Vendredi prochain sera important, car il s'agira de tester Poutine et de déterminer son engagement à mettre fin à cette terrible guerre ».
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Un homme marche près d'un immeuble touché par une frappe de drone russe dans la ville de Bilozerske dans la région de Donetsk, en Ukraine, le 10 août 2025.
Zelensky et Poutine tentent de convaincre
Le chef de l'État ukrainien s'est de son côté entretenu au téléphone ces trois derniers jours avec 13 dirigeants, dont ceux du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la France, ses principaux soutiens européens.
Dimanche, il a aussi parlé avec deux partenaires traditionnels de la Russie : les présidents du Kazakhstan et de l'Azerbaïdjan.
Et puis, les responsables ukrainiens « travaillent bien sûr avec les États-Unis. Il ne se passe pas un jour sans que nous communiquions sur les moyens de parvenir à une paix véritable. Nous comprenons que la Russie a l'intention de tromper l'Amérique. Nous ne le permettrons pas », a signalé M. Zelensky dans son traditionnel message du soir.
Vladimir Poutine a pour sa part conversé avec neuf chefs d'État ou de gouvernement depuis vendredi, dont ses plus proches partenaires que sont le Chinois Xi Jinping, l'Indien Narendra Modi et le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva.
Il a également discuté avec les présidents de plusieurs ex-républiques soviétiques, qui maintiennent de bonnes relations avec Moscou : la Biélorussie, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan.
Deux raffineries de pétrole russes attaquées
IMAGE TIRÉE DES RÉSEAUX SOCIAUX, FOURNIE PAR REUTERS
De la fumée et du feu s'élèvent d'une installation industrielle, qui, selon le gouverneur de la région du sud de la Russie, a été endommagée lors d'une attaque de drone ukrainien, à Saratov, en Russie, sur cette capture d'écran obtenue à partir d'une vidéo sur les réseaux sociaux publiée le 10 août 2025.
Sur le front, l'armée ukrainienne a annoncé dimanche avoir repris un village de la région septentrionale de Soumy aux forces russes, qui ont récemment enregistré d'importants gains territoriaux.
Six personnes ont été tuées par des drones ou des tirs d'artillerie dans la région orientale de Donetsk et dans celles méridionales de Zaporijjia et de Kherson, ont déploré les autorités locales.
Une bombe planante russe a en outre atteint la gare routière centrale, très fréquentée, de Zaporijjia, faisant 20 blessés.
« La Russie n'a pas fait un seul pas concret vers la paix, pas un seul pas, sur terre ou dans les airs, qui aurait pu sauver des vies », s'est dans la soirée insurgé Volodymyr Zelensky.
Les militaires ukrainiens ont de leur côté affirmé qu'ils avaient attaqué à l'aide de drones une importante raffinerie de pétrole de la région de Saratov, dans l'ouest de la Russie.
Une autre raffinerie a été endommagée à Oukhta, une localité isolée de la république russe des Komis (nord-ouest), à environ 2000 kilomètres de la ligne de front, a dit à l'AFP une source dans le renseignement ukrainien.